Qui suis-je ? – mon fonctionnement

Last Updated on 5 novembre 2022 by LaCat

Deux comparaisons pour vous aider à comprendre : un ordinateur avec un disque dur pour stocker les informations, un processeur qui permet de gérer des applications et ces applications. Et le système électrique dans une maison avec la boîte à plombs et les appareils connectés.

Je suis comme un PC

Le disque dur correspond à la capacité de mémorisation de mon cerveau, qui est relativement importante. Le processeur est ce qui permet à mon cerveau de « gérer » un certain nombre de choses en même temps et de traiter les informations fournies par les périphériques (clavier, micro, caméra – c’est à dire mon corps, mes yeux, mes oreilles). Lors d’une conversation, par exemple ce seraient mes mouvements conscients, la parole, les idées qui me viennent dans la conversation, l’écoute de ce que dit la personne mais aussi l’analyse de mon environnement par la vue, l’ouïe, le toucher et l’odorat. Comme je suis hypersensible, je perçois plus que la majorité des gens, ce qui utilise déjà une (plus grande) partie des ressources disponibles simplement pour prendre la mesure de ce qui m’entoure. Il m’en reste donc moins pour me concentrer sur la conversation (même si mon PC est plus puissant que beaucoup d’autres, cela ne suffit pas toujours). L’environnement étant inconnu, ce que mes sens captent est plus susceptible de me distraire que lorsque je connais ce qui m’entoure visuellement (la décoration, les meubles), les sons habituels (un plancher qui craque, une radio qui joue) et les odeurs (que je ne sens même plus puisque j’y suis tout le temps). Dans un environnement inconnu, tous mes sens sont en alerte maximale.

Un exemple de la vie courante

En entrant dans un restaurant, par exemple, je vois le décor (revêtement sur les murs, couleurs dominantes, tableaux ou déco murale, types de tables, style du resto (café de village ou resto gastronomique), type de sièges (confortables ou pas), où se trouve le personnel, combien de personnel en salle, combien de clients déjà installés, combien de tables portent un signe « réservé » ; j’entends tous les sons comme la musique et son niveau sonore (en sourdine ou d’un niveau qui sera dérangeant pour la conversation), le brouhaha des conversations s’il y a du monde, les bruits provenant de la cuisine, les chaises qui râclent le sol (ce qui pourra éventuellement devenir désagréable durant le repas ou source de distraction), le bruit du trafic à l’extérieur ; et enfin je sens toutes les odeurs (bonnes… ou pas) provenant de la cuisine (ou d’ailleurs). Tout cela dans les premières secondes suivant mon entrée. Et cette analyse de mon environnement va continuer durant une bonne partie du repas. Les sons et odeurs pourront aussi être source de distraction : chaque fois que quelqu’un parlera plus fort dans la salle, chaque raclement de chaise sur le sol, de la vaisselle qui se casse en cuisine, les plats qui traversent la salle en passant près de moi (l’odeur d’un plat à l’ail quand je mange mon dessert n’est pas vraiment super). La plupart des personnes qui m’accompagnent n’ont pas la moindre idée des efforts que cela me demande de rester concentrée sur leur conversation. Il m’arrive très souvent de regarder ailleurs parce que quelque chose a attiré mon regard ou parce que je dois regarder quelle est la source d’un bruit que je viens d’entendre. Tout ce qui se passe à la périphérie de mon regard est enregistré par mon cerveau, même si cela ne me concerne absolument pas (comment les voisins de table regardent une carte pour deux, ce qu’ils commandent, si l’un d’eux se lève, quand le garçon vient les servir, les plats qu’on leur apporte, etc). Je ne choisis pas, cela se fait sans que j’en aie conscience. Et même quand je me force à fixer mon regard sur mon interlocuteur, je reste consciente de tout cela. Mon cerveau n’étant pas capable de filtrer ce que je vois ou que j’entends autour de moi comme « non important », cela prend autant de place que mon entourage direct. Si l’environnement est particulièrement bruyant, je serai extrêmement fatiguée à la fin du repas parce que l’effort que cela m’aura demandé de rester concentrée sur la conversation de la table au milieu de tout ce que je capte aura été très grand. Etant empathe, mon environnement émotionnel joue également un rôle important. S’il l’ambiance est positive, ma tolérance et ma capacité d’analyse seront plus importantes. Par contre, si l’ambiance que je perçois est tendue (par exemple parce que le couple à la table voisine vient de se disputer et tire la tête), mon processeur doit gérer la tension émotionnelle que cela provoque chez moi et il y a donc moins de ressources pour ma conversation. Toutes ces choses différentes à gérer sont les « applications » qui tournent en même temps sur l’ordinateur et qui gèrent notamment les informations fournies par les « périphériques ». Et parfois, en ouvrir une de plus (par exemple si une dispute éclate à ma table) provoque un ralentissement du fonctionnement du système et éventuellement un arrêt complet (c’est le cas où je vais quitter le restaurant parce que je ne peux plus gérer tout ce qui se passe en moi).

Attention à la surchauffe

C’est un peu le même principe pour le système électrique : un certain nombre d’appareils et de lampes peuvent fonctionner en même temps mais si trop de choses fonctionnent dans une même zone, il y a un plomb qui saute (je me déconnecte temporairement de mon environnement, mon cerveau refuse de me donner des idées pour répondre à la personne en face de moi) et s’il y a un risque pour le réseau électrique de la maison (en général si le volet émotionnel dépasse un certain seuil), c’est le plomb général qui saute (je dois sortir de cet environnement, je deviens presque mal physiquement tellement c’est ingérable pour moi). Si je pars c’est souvent parce que quand je ne sais plus gérer, j’explose. Non pas de colère mais de peur, de panique. Je voudrais faire redescendre la pression, j’essaye de calmer la personne en face de moi (et / ou moi) mais je n’y arrive pas, je veux changer de sujet mais elle refuse. Alors je n’ai que deux options : laisser exploser ma peur (qui sort sous forme de colère contre l’autre qui ne comprend pas que je n’en peux plus et qui continue à « en rajouter ») ou fuir. Et souvent j’explose et puis je fuis. Si j’explose et que rien ne change dans la situation (l’autre ne comprend pas qu’il faut arrêter de discuter, par exemple), je pars.

Pourquoi je pars avant le blue screen of death ou avant de « pêter les plombs »

Si j’avais compris tout ceci plus tôt, il y a bien longtemps que j’aurais pu expliquer à mon ex-mari pourquoi il m’arrivait de partir (ce qu’il n’a jamais compris et qui le blessait profondément). Je dois partir parce que c’est comme une casserole à pression dont on aurait bloqué le bouchon : si la vapeur ne peut pas sortir, à un moment la casserole va exploser. Quand je pars, je coupe le feu sous la casserole pour faire redescendre la pression. J’ai essayé de faire redescendre la pression en relâchant de la vapeur avec le bouchon mais ce n’était pas possible ou pas suffisant. Je dois partir parce que mon cerveau a disjoncté, je suis incapable de penser de manière cohérente, je risque de dire des choses que je ne voudrais pas dire et que je ne pourrai pas reprendre. Je ne sais plus ce que je veux, je suis incapable de m’exprimer. Le PC a crashé, le plomb général a sauté.

Aujourd’hui je pense que je devrai toujours quitter une situation qui devient ingérable pour moi mais au moins suis-je maintenant capable d’expliquer (même si c’est a posteriori) pourquoi je suis partie. Durant des années, j’ai vécu avec ce besoin irrépressible de partir et la peine que cela causait à mon ex-mari (que, bien sûr, je vivais comme étant la mienne ; je me sentais donc à nouveau mal en revenant après mêtre calmée puisque je me retrouvais avec une nouvelle tristesse que je ne comprenais pas puisqu’elle ne m’appartenait pas).

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